Devoxx, rendez-vous annuel incontournable de la communauté tech européenne, a une fois de plus tenu son rôle de baromètre des tendances technologiques. L’édition 2025 a réuni développeurs, architectes et CTOs autour des dernières innovations et des pratiques émergentes du développement logiciel.
Au-delà de l’effervescence habituelle, des signaux forts et faibles ont émergé, dessinant les enjeux tech majeurs que les entreprises devront relever prochainement.
Face aux exigences croissantes du cloud-native, des microservices et de la scalabilité, Java démontre qu’il est bien plus qu’une technologie mature : il est aujourd’hui l’une des plateformes les plus actives en matière d’innovation.
Trois axes majeurs de modernisation ont été révélés lors de Devoxx 2025 :
Ces transformations témoignent d’une ambition claire : faire de Java une plateforme aussi agile et performante que les nouveaux frameworks cloud-native, tout en conservant sa robustesse et sa portabilité.
Pour découvrir en détails ces évolutions, consultez notre article : Ce qu’il faut retenir sur Java à Devoxx 2025
Parmi les langages ayant retenu l’attention lors de Devoxx 2025, Rust s’est imposé comme l’une des valeurs montantes, en particulier pour les systèmes exigeant performance, sécurité mémoire et faible latence.
La conférence “REX : Évoluer pour le plus grand événement sportif – Rust et gRPC de zéro à la prod”, animée par Étienne Puissant, a offert un retour d’expérience particulièrement riche.
➡️Le défi était de taille : pour l’Euro 2024, Betclic devait absorber une charge exceptionnelle liée à l’augmentation du trafic sur ses APIs, tout en maintenant une excellence opérationnelle indispensable à l’expérience des joueurs.
Face aux limites du short polling — multiplication des requêtes, augmentation du trafic réseau, dégradation des performances —, l’équipe a choisi de basculer vers une approche plus moderne :
Cette adoption a permis de :
L’expérience partagée par Betclic illustre parfaitement les enjeux des plateformes critiques : choisir les bonnes technologies au bon moment, même au prix d’une montée en compétence accélérée.
Rust, bien que réputé exigeant, offre un levier technologique considérable :
Toutefois, plusieurs retours rappellent que l’adoption de Rust reste exigeante :
L’enthousiasme autour de Rust est réel, mais son adoption de masse restera progressive.
Pour des projets critiques — finance, IoT, edge computing, infrastructures événementielles — Rust représente une option stratégique sérieuse.
Cependant, les équipes devront peser soigneusement les bénéfices immédiats par rapport aux coûts d’apprentissage et aux changements organisationnels que ce choix implique.
À Devoxx 2025, l’observabilité n’était plus abordée comme une option ou un simple luxe pour les Ops : elle s’est imposée comme un pilier fondamental du développement moderne. Plusieurs conférences ont martelé ce message avec clarté, à commencer par “L’Observabilité pour les devs : outils-clé pour survivre quand la prod plantera”, animée par Alexandre Moray et Florian Meuleman.
Les échanges sur place ont mis en évidence l’ascension fulgurante d’OpenTelemetry comme standard ouvert d’instrumentation pour les architectures distribuées.
Le talk a détaillé les trois piliers fondamentaux sur lesquels s’appuyer :
Grâce à OpenTelemetry, les développeurs peuvent instrumenter manuellement ou automatiquement leur code, tout en restant indépendants des backends (Prometheus, Grafana, Datadog…).
Un point clé mis en avant tout au long de la conférence est l’évolution du rôle du développeur :
Les pratiques partagées insistent sur :
Les intervenants ont également rappelé qu’une bonne observabilité conditionne directement la capacité d’un système à scaler sans devenir opaque.
Les retours unanimes confirment que l’ère des “black box applications” est terminée. Ne pas instrumenter son application, ou le faire à la marge, expose les entreprises à des risques majeurs en termes de maintenance, de scalabilité et de résilience.
Intégrer l’observabilité dès la conception devient aussi naturel et nécessaire que l’intégration continue ou les tests automatisés.
Alors que la performance et la scalabilité occupaient une large part des discussions techniques, la cybersécurité a émergé comme un sujet transversal majeur à Devoxx 2025. Deux conférences en particulier ont marqué les esprits : “Social Engineering et techniques de manipulation : ‘Ça ne m’arrivera jamais’ ?” par Pierre Chesneau, et “Et si on parlait de ‘malware craftsmanship’ ?” par Sonia Seddiki et Nailya Bogrova.
La session sur le social engineering a mis en évidence que, malgré les progrès technologiques, l’humain reste la faille n°1 dans les systèmes de sécurité.
Plusieurs démonstrations ont illustré à quel point des techniques de manipulation psychologique, bien construites, peuvent contourner les systèmes techniques les plus robustes.
Ce constat pousse à repenser la cybersécurité non seulement sur le plan technique, mais aussi culturel au sein des organisations.
La conférence sur le malware craftsmanship est venue compléter ce tableau en montrant comment les attaques modernes deviennent de véritables œuvres d’ingénierie logicielle.
Les malwares ciblent de plus en plus les données souveraines, exploitant souvent des faiblesses humaines combinées à des angles morts techniques.
Les retours du terrain convergent : la cybersécurité doit être pensée dès le design, au même titre que l’architecture applicative ou la scalabilité.
Les développeurs sont désormais en première ligne pour anticiper et déjouer les attaques, que ce soit en intégrant de la sécurité dans leur code, en renforçant les pratiques d’observabilité, ou en adoptant une posture de vigilance permanente face aux tentatives de manipulation.
Si Devoxx 2025 a largement célébré la complexité maîtrisée — qu’il s’agisse d’architectures distribuées ou de systèmes critiques —, une autre voix s’est fait entendre : celle de la simplicité consciente et de la frugalité technologique.
Deux conférences emblématiques ont porté ce message : “Coder avec peu : les bons tuyaux de Mario“ par Clément de Tastes, et “Les clés de l’architecture pour les devs“ par Christian Sperandio et Cyrille Martraire.
Lors du talk “Coder avec peu”, les participants ont découvert des techniques venues d’environnements contraints :
Cette approche résonne particulièrement aujourd’hui, à une époque où l’empilement de frameworks et de dépendances devient parfois un frein au développement rapide et maintenable.
Dans “Les clés de l’architecture pour les devs”, l’accent a été mis sur l’importance de partir avec un prototype simple, permettant d’expérimenter avant de converger vers une solution plus aboutie.
Les conférenciers ont insisté sur une idée forte :
Les retours de Devoxx révèlent une prise de conscience lucide : la complexité n’est plus un signe de modernité, mais un risque majeur pour les projets.
Savoir construire des systèmes sobres, lisibles et maîtrisés devient une compétence aussi stratégique que la connaissance des dernières technologies.
Devoxx 2025 ne s’est pas contenté de présenter des tendances : il a posé clairement les défis auxquels nous devons répondre, projet par projet.
Dans un environnement où vitesse, résilience et souveraineté sont devenues stratégiques, les choix que nous faisons aujourd’hui auront un impact direct sur le succès des projets de demain.
